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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/246

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SUR LE SOL D’ALSACE

jours à venir… Il trouvait dur que des enfants accomplissant une chose si grande pour la patrie, soient exposés aux maladies des climats malsains…

Mais cela n’était qu’un rêve dont on parlait légèrement… Ce qui ressortait, c’était la joie de ne pas servir l’Allemagne… Les yeux du grand-père riaient. Sa figure railleuse prenait des expressions multiples de contentement. Mme Hürting l’encourageait encore et promettait d’écrire au jeune soldat… Puis on se souvenait…

Louise, de toute son âme, écoutait, car le nom de M. Denner revenait sur les lèvres du père Frantz.

Enfin, on se séparait. Le vieux s’en allait, tout gai, pour revenir quelques jours après, car les Alsaciens entre eux sont une même famille qui s’aime, se fréquente sans formes, se reçoit sans façons.

Louise respirait un autre air. Rien de brusque, rien de raide. Tout se passait avec sérénité, sans effort. On se connaissait ; nul besoin d’étaler ses sentiments : chacun pensait ce que l’autre pensait.