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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/254

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SUR LE SOL D’ALSACE

Il lui fallait cependant prendre exemple sur son mari, ne rien laisser deviner. Elle se retenait pour que nulle plainte ne s’échappât de son être broyé par l’inquiétude. Ses mains se raidissaient, comme sous l’effet d’une douleur qui tord tous les membres. Elle entendait son âme crier : Mon Dieu ! mon Dieu ! et le froid d’une mort lente passait sur ses épaules. Un frisson courait dans ses cheveux et elle secouait la tête pour s’en débarrasser ; ses dents claquaient comme à l’approche d’une fièvre et elle serrait les mâchoires pour que personne n’en perçût le bruit qui lui semblait extrême.

Son mari l’observait constamment.

Wilhelm, avec tendresse, causait avec Elsa.

Mme Bergmann les désignait à Louise et elle riait, heureuse, en parlant de l’installation future. Les deux pères s’étaient entretenus du projet, et M. Ilstein, sans demander officiellement encore la main d’Elsa, avait laissé voir que cette alliance lui agréait beaucoup.

— Nous n’avons plus qu’à nous laisser vivre et attendre gaîment notre titre de grand-mère, ajoutait-elle.