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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/265

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SUR LE SOL D’ALSACE

Mme Hürting. Elle ne savait rien de son départ, et cependant il aurait trouvé en elle une auxiliaire. Mais il avait eu si peur de voir son secret trahi, puis, de mettre la vieille Alsacienne dans l’embarras, qu’il préférait en garder toute la responsabilité. Marianne avait assez pâti… sa mère souffrait encore… Il fallait les venger sans nuire à personne ; il n’eût pas été français sans cela… Il voulait que les Alsaciens disent de lui : « C’est vraiment un des nôtres ; il est parti rejoindre la patrie, notre mère d’élection, en sentant vivre en lui les sentiments qui existent en elle ».

Il fut dans la gare ; croisant un voyageur, il crut reconnaître son père et une émotion le saisit ; il avança prudemment en se dissimulant le plus possible. Son train, le train pour Nancy, allait partir… Il prit son billet pour la dernière gare allemande et, la tête baissée, il se blottit dans un compartiment.

Le convoi s’ébranla trop lentement à son gré ; une dernière portière claqua ; une voix d’employé se fit entendre, puis, doucement, la machine prit son élan et le bruit régulier des pistons domina tout.