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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/266

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SUR LE SOL D’ALSACE

Alors un regret immense, inattendu, empoigna le cœur de Fritz et l’écrasa comme si tous les wagons eux-mêmes, passaient sur sa poitrine…

Il était seul désormais…

Il avait frémi d’angoisse de se voir découvert, mais maintenant une sensation affreuse de vide le surprenait, le terrassait. Il appelait les bras maternels qui ne s’ouvriraient plus pour lui… Il réclamait l’appui des siens comme l’oiseau demande son nid après sa première tentative de libre vol.

Il se raisonna ; pour atteindre son but, les retours en arrière devaient être à jamais bannis de son esprit.

Il regarda par la portière, mais la nuit noire ne montrait rien de la nature.

Lutzelbourg ! Sarrebourg, Héming, Réchicourt passèrent. C’était l’Alsace pour laquelle il luttait et qu’il ne reverrait jamais plus.

Avricourt ! frontière allemande.

Quand le train démarra, son cœur, à grands coups, heurta les parois de son corps ; ses battements tumultueux le rendaient haletant.