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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/310

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SUR LE SOL D’ALSACE

sans rien voir, la pensée emportée dans un tourbillon que le bruit du train exaspérait encore…

Elle attribuait sa nervosité à la déception ressentie par la chute de son rêve : l’impossibilité d’arpenter librement, pendant quelques heures, la terre de France avec son fils…

Cependant son inquiétude ne diminuait pas ; elle la sentait l’étreindre, comme les tentacules hideux d’un cauchemar qui s’empare des forces malgré la volonté…

Le retour se traînait, interminable. Louise aurait voulu voler avec la rapidité d’un oiseau, traverser les villes, les champs, d’un seul bond, pour savoir ce qui se passait « là-bas ».

Personne ne l’attendait à l’arrivée, et elle se fit rapidement conduire à Greifenstein. La neige s’accumulait, et le ciel maussade, tout gris avec des reflets jaunes, se reliait au sol par cette pluie blanche et compacte.

Au Ramsthal, Mme Ilstein s’arrêta pour prévenir son mari de son retour, ainsi que de la rentrée de Fritz. En voyant Herbert, dont la force paraissait inattaquable, ses appréhensions s’évanouirent. Elle fut tout heureuse de cons-