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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/316

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Fritz était bien parti de Nancy le matin ; il descendit à la frontière française, et là, dans la neige amoncelée, parmi les chemins incertains, il erra.

La neige s’approfondit sur les routes ; personne d’autre que lui ne foulait sa merveilleuse blancheur. Elle lui paraissait une tombe immense et pure. Tous les bruits s’assourdissaient et un attrait invincible vers le sommeil émanait de toutes parts. Le froid engourdissait les membres, l’esprit, l’infini…

Fritz, avec un soupir, se laissa tomber. La pensée de sa mère le torturait, mais ne le retint plus. Les circonstances actuelles ne lui permettaient plus de la revoir, à moins de faillir.

La neige inlassable le parsema d’abord de flocons doux, semblables à des fleurs. La bise jouait avec eux en chantant. Bientôt toutes ces fleurs formèrent une dentelle fine et transparente à travers laquelle les formes de son corps s’accusaient. Son col tachait de blanc jaune le froid réseau d’un blanc bleu. Autour de lui, la neige haute se dressait comme les parois d’un cercueil…