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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/317

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SUR LE SOL D’ALSACE

Fritz remua.

Ses bras se croisèrent sur sa poitrine et la dentelle se déchira ; furieuse, la neige redoubla de violence et Fritz ne bougea plus… Elle l’enserra, vertigineuse, jusqu’à ce qu’il ne fût plus qu’une masse informe sur laquelle les vagues blanches se détachaient avec un bruissement de soie…

Le lendemain Wilhelm reçut une lettre :

« Mon cher Wilhelm,

« À toi, j’indique où est mon corps… Je me suis couché sur la terre française, et, les yeux tournés vers l’Alsace, je me suis endormi. Tu seras le seul qui saura que je l’ai voulu ; tu feras croire à tout le monde, à maman surtout, que je suis victime d’une surprise du froid.

« Je meurs pour l’Alsace, non pas en héros, comme je l’avais rêvé, mais en honnête fils qui ne veut pas porter les armes contre elle et qui ne peut se battre contre un père et un frère qu’il aime.