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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/9

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SUR LE SOL D’ALSACE

pour un séjour illimité. Leurs adieux furent entrecoupés de larmes et de regrets, et Mme Denner et Mme Hürting s’étreignirent avec un pressentiment sombre qui se réalisa.

M. Denner faillit, ce jour-là, quitter sa vieille demeure, mais il ne put se résoudre à laisser sans retour l’Alsace qui souffrait. Les Hürting allaient chez leur nièce, orpheline, de quelques années plus âgée que Louise et mariée à un officier.

Puis, le sang du vieil Alsacien se glaçait rien qu’à l’idée de voir le château qu’il aurait fallu vendre, tomber entièrement dans des mains étrangères.

Ils étaient donc restés tous trois au pays, gardiens de la terre aimée, subissant le joug nouveau, dur pour eux, indifférent pour leur fille née après la guerre.

M. Denner mourut peu après le départ de son ami, et Mme Denner, de santé précaire, ne put lui survivre. Louise n’eut plus pour appui que la bonne Marianne qui l’avait élevée, Alsacienne fanatique devenue française de toute son âme depuis l’occupation germanique. Son chauvi-