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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/94

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SUR LE SOL D’ALSACE

sur le canapé recouvert d’un antique reps puce ; à jouer avec les glands des coussins ronds qui s’accrochaient au dossier par une cordelière.

Elle revoyait, telle qu’elle la connaissait, la carpette déteinte dont elle se rappelait le dessin : des roses rouges épanouies sur un fond vert. Là, dans ce coin, se dissimulait une tache qu’elle se souvenait d’avoir faite, en marchant sur un pétale de bégonia cueilli dans le jardin.

La pendule empire sonna trois heures, et le son de cette voix lointaine confondit dans son âme tous les souvenirs ensevelis. Un attendrissement la précipita sur le cœur de la vieille dame.

Elle s’écria :

— Si vous saviez !… ah !… si vous saviez !…

Et les confidences emmêlées, les plaintes puériles, les riens innombrables, coulèrent de ses lèvres comme une source chargée des mille fétus recueillis au cours de son chemin.

La bonne dame l’écoutait avec chagrin.

Elle ne dit pas :

— Tu savais pourtant que ton fiancé était