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Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/167

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soupçonné d’interpréter à l’occidentale l’ascétisme par délégation.

C’est à cet ensemble de croyances et de traditions, presque toutes aussi anciennes que le Japon historique, et qui nous permettent de deviner déjà quelques-unes des vertus les plus solides et les plus délicates du génie japonais, que le Bouddhisme s’est superposé avec douceur, et sans rien détruire de cette armature séculaire à l’intérieur de laquelle il sut insinuer des leçons nouvelles. Remarquons-le une fois encore : un pareil équilibre entre deux formes si différentes de la vie religieuse a quelque chose de rare et de singulier. Il faut sûrement en faire honneur pour une part à l’adresse politique des premiers missionnaires bouddhistes, mais ne doit-on pas admirer d’abord l’esprit de haute et tolérante compréhension d’un peuple qui témoigna toujours la plus active bienveillance aux confessions les plus diverses et d’un gouvernement qui ne fut amené à les persécuter que lorsqu’elles devinrent un danger pour l’intégrité de l’empire ? L’extermination des moines bouddhistes par Nobounaga, à la fin du XVIe siècle, ne doit pas être interprétée autrement.

Deux formes bien opposées de la pensée asiatique avaient également préparé les âmes à accepter le Bouddhisme en Extrême-Orient, la philosophie confucéenne, non sous sa forme sèche, dépouillée, littérale, mais par sa religion de la fraternité, par son bon sens tendre, par son souci de donner à la vie une harmonie pacifique, et surtout l’éthique individualiste de Lao-