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DESCARTES.

creatus fuit baccalaureus in utroque jure… L’année suivante, il se résolut à ne plus chercher d’autre science « que celle qu’il trouverait en lui-même ou bien dans le grand livre du monde ». Il s’engage comme volontaire en Hollande, sous le prince Maurice de Nassau. L’instinct belliqueux que Descartes avait alors n’était, dit-il, que « l’effet d’une chaleur de foie qui s’éteignit dans la suite ». Plus tard il avait de la peine à donner place au métier de la guerre parmi les « professions honorables », en voyant que « l’oisiveté et le libertinage sont les deux principaux motifs qui y portent aujourd’hui la plupart des hommes ». Pour lui, il voulait surtout s’instruire, voyager en sécurité à travers toutes sortes de pays, étudier les mœurs des nations les plus diverses, enfin entrer en relation avec les savants du monde entier. Pendant qu’il se trouve à Bréda, il voit un grand concours de gens arrêtés devant une affiche en flamand. Il prie un de ses voisins de lui expliquer en latin ou en français ce qu’elle contient. Le voisin complaisant la traduit en latin : c’est un problème de géométrie dont on défie de trouver la solution. Ce traducteur, voulant se moquer du jeune officier, lui demande de lui apporter le lendemain la réponse désirée. Il n’était autre que le principal du collège de Dordrecht, un mathématicien éminent, Isaac Beeckman. Le lendemain. Descartes apporte la solution demandée. Frappé de son savoir, Beeckman lui offre son amitié. C’est pour Beeckman que Descartes écrivit son traité sur la musique.