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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/108

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ISOLINE

— « Oui, dit-elle, mes héros chéris s’en vont en poussière depuis que je vous connais ; vous vous êtes traîtreusement glissé sous leurs belles armures.

— Isoline !

— Et bien, maintenant, sauvez-moi, fuyons.

— Non, ma bien-aimée, vous êtes trop pure et trop noble pour vouloir user d’un moyen extrême, sans me laisser tenter d’abord de vous obtenir loyalement. Le baron, malgré sa conduite étrange, est votre père et il ne peut se dérober à ma demande ; s’il refuse, alors je vous arracherai d’ici et vous serez pour moi comme une sœur adorée ; mais dans un an vous êtes libre, maîtresse de vous-même, et le monde est à nous !

— C’est donc vrai ? Damont m’avait dit déjà qu’à vingt et un ans mes chaînes se rompaient d’elles-mêmes. Je ne voulais pas le croire. Alors il faut vous obéir ; voyez comme je suis soumise maintenant, moi si indocile. Je vais donc rentrer dans ma prison.

— Demain j’en forcerai les verrous.

— Toute ma force est tombée pour franchir les obstacles, maintenant que je m’éloigne de vous. »

Il la reconduisit et l’aida à repasser la haie. Les