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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/120

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ISOLINE

Lorsqu’il eut sauté de l’autre côté du mur, on ne sait quoi de rigide et de froid lui fit comprendre qu’il était bien dans le jardin du couvent. Il marcha avec précaution dans les allées sablées, bordées de buis, autour des plates-bandes en forme de croix et de cœurs ; il atteignit les bâtiments et vit quelques faibles lumières à différentes fenêtres. — Laquelle était celle d’Isoline ?

Tout à coup un gros dogue aboya furieusement en tirant sur sa chaîne. La sœur tourière de garde, éveillée en sursaut, sortit dans la cour, vit cet homme et poussa des cris perçants.

Gilbert dut s’enfuir comme un malfaiteur, tandis qu’en signe d’alarme la cloche tintait derrière lui à coups précipités.

Le lendemain l’abbé Jouan vint chez madame Aubrée et demanda un entretien à Gilbert Hamon.

— « Vous avez fait cette nuit une dangereuse tentative, commandant, lui dit-il avec un sourire doucereux et un regard fuyant ; et vous ne vous rendez peut-être pas bien compte de la gravité de votre effraction ; mais nous ne voulons pas la mort du pécheur et je vous apporte des paroles de paix. »

Gilbert, plein d’inquiétude, gardait le silence.