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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/121

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ISOLINE

— « Vous vouliez voir Mlle de Kerdréol ? continua le prêtre. À quoi bon passer par dessus les murs au risque de vous tuer ? Il était plus simple de frapper à la porte, on vous eût ouvert : la règle du couvent n’est pas si féroce. Mlle Isoline sait que vous partez bientôt ; elle désire aussi vous voir, et, voyez quelle est notre faiblesse, nous voulons bien favoriser cette entrevue, espérant que vous serez discret, à l’insu même de M. le baron.

— Vous me laisseriez la voir ? s’écria Gilbert, partagé entre la joie et une appréhension de quelque nouveau malheur.

— Elle vous attend. Vous m’avez, un jour de danger, accordé gracieusement une place dans votre bateau, je suis heureux de pouvoir vous être agréable à mon tour.

— Partons ! »

La porte du couvent s’ouvrit devant l’abbé, qui introduisit Gilbert dans un parloir nu, bien ciré, avec des rideaux de coton blanc aux fenêtres. Et il le laissa seul un instant.

Le jeune homme avait le cœur horriblement serré et l’attitude d’Isoline, lorsqu’elle entra, lui glaça sur les lèvres les mots passionnés qui s’y pressaient.