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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/128

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ISOLINE

fidèle et qu’elle lui gardait un tombeau. Il reprenait une à une les fleurs brisées de sa passion morte, évoquait tous les aspects de celle qui avait dit l’aimer ; mais une figure blanche, dans des voiles durs, s’interposait, les effaçait.

Puis il se voyait en pleine mer, descendant lentement sous la transparence de l’eau, inerte, délivré enfin !

Sur le pont, le second faisait l’appel. Sa voix monotone arrivait à Gilbert, dominant le bourdonnement de la machine qui chauffait.

— « Jean le Guenn ? Pal Houarn ? Loïc Daulaz ? Ange Brune ? »

Il se fit un silence.

— « Ange Brune ? » répéta-t-on plus haut.

On entendit le choc d’une barque accostant le navire et presque aussitôt une voix jeune et claire cria :

— « Présent ! »

Un moment après, un commencement d’altercation avait lieu à la porte de Gilbert.

— « Je vous dis qu’il nous attend, » affirmait Damont d’un ton joyeux.

Et deux personnes entrèrent dans le salon bas qu’éclairaient des lampes vacillantes.