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ISOLINE

Gilbert n’eut aucun mouvement d’impatience en voyant ainsi forcer sa porte, il demanda seulement d’une voix faible :

— « Que veut-on ?

— Commandant, c’est le mousse que je vous présente. »

Il se leva en sursaut avec un cri :

— « Isoline !

— Non, commandant, Ange Brune, deuxième mousse à bord de la frégate l’Armide. »

Mais, d’un élan passionné, elle se jeta dans ses bras et pleura sur ce cœur meurtri.

— « Vous souvenez-vous de la chanson ? murmurait-elle.

— Vous, vous, ici ! près de moi !

— Pour toujours maintenant !

— Eh bien, que dites-vous de mon mousse ? bégayait Damont, les yeux humides.

— Oui, c’est moi, disait la jeune fille en riant dans ses larmes, j’ai menti pour nous sauver ; je suis devenue un monstre d’hypocrisie, j’ai trompé mes geôliers par une fausse dévotion, endormi leur vigilance ; mais Damont et la bonne Marie étaient prévenus. Ah ! la nonne