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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/143

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LA FLEUR-SERPENT

Il se tordait dans des spasmes convulsifs, mais ne criait pas. La teinte d’un rouge sombre qui barbouillait le tour de ses lèvres me fit tout de suite penser qu’il avait mordillé quelque fruit vénéneux et je lui enfonçai deux doigts dans la gorge, pour provoquer des vomissements, mais je n’obtins aucun résultat.

— « Mon Dieu ! murmurai-je, quel peut être ce poison ?

— Du poison ! s’écria la mère d’une voix brève. Qu’est-ce que vous dites ? il n’y a pas de poison ici, les enfants ont quelquefois de ces affreuses convulsions. Mais vous allez le guérir, n’est-ce pas ? »

Je retins un hochement de tête.

L’état du pauvre petit être était des plus étranges ; je repoussais en vain une idée qui s’imposait à moi. Il me semblait reconnaître les effets, presque foudroyants, d’un poison connu sous d’autres cieux, mais que l’Europe ignorait.

— « C’est impossible, murmurai-je ; où aurait-il pu trouver cette plante redoutable ? »

Je déshabillai l’enfant et j’essayai de rappeler la chaleur par des frictions, mais j’avais bien peu d’espoir. Sa petite main crispée laissa échapper quelque