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LA FLEUR-SERPENT

s’acclimater en Italie. J’étudiais alors les propriétés de ce poison que je croyais pouvoir utiliser en médecine. C’était peu après la réception de cette lettre que mon ami était mort, elle était restée sans réponse. Quoi ! avait-il donc donné à sa fiancée ou semé dans son parc ces graines, dont je lui avais cependant signalé la dangereuse vertu ? Comment ne l’avait-il pas prévenue de se garer du venin mortel ? Tout cela était obscur, pourtant je sentais que j’étais dans le vrai : la Fleur-Serpent ne pouvait exister que par ce moyen dans un jardin de Portici.

Mais alors c’était donc moi qui avais fourni l’arme qui venait de tuer ce pauvre ravissant enfant ? Comment ! dans cette soirée douce et parfumée, qui venait de repasser devant mes yeux, j’avais, sans le savoir, préparé le désespoir d’une famille et la mort d’un enfant qui alors n’était pas né ? et je revenais de si loin, juste pour assister au dénouement de la tragédie dont j’avais noué les premiers fils ?

Si la pauvre mère savait cela, ne serais-je pas un monstre pour elle ? Le meurtrier de son fils ! Et ne devais-je pas fuir cette maison où j’avais fait naître la désolation ?