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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/168

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LA FLEUR-SERPENT

terrain, la pluie avait lavé les taches de sang. Je remis les outils à la place où je les avais trouvés, et je m’enfuis chez moi où, exténué, je dormis vingt-quatre heures de suite.

« Le reste, vous le savez : la présence du comte à bord du paquebot, ayant été bien établie par mon audacieuse apparition, le paletot retrouvé, la cabine en désordre, les phrases échangées avec le capitaine et le valet de chambre, ne permettait aucun doute. Il n’y en eut pas d’ailleurs, la disparation d’un des passagers fut expliquée le mieux du monde par un de ces accidents si peu rares en mer ; la traversée avait été dure, la nuit très sombre : à travers l’inquiétude de la manœuvre et le bruit de la tempête, un homme pouvait avoir été emporté par un coup de mer, sans que personne vît le malheur et donnât l’alarme.

« Claudia libre par cette mort, son père n’eut plus de raisons pour me la refuser : elle devint ma femme, et le bonheur céleste de cette union emplit seul mon âme et noya le souvenir du rival sacrifié.

« J’évitais cependant d’habiter la villa de Portici ; mais Claudia parla de la vendre, puis-