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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/172

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LA FLEUR-SERPENT

exprime ; pourtant, je dis tout haut, presque malgré moi :

— « Comment échapper à la justice ? Ces jardiniers affolés vont donner l’alarme. Est-il encore temps de fuir ? »

Ma voix fit tressaillir les deux époux, ils tournèrent brusquement les yeux vers moi.

— « Oui, oui, fuyons ! s’écria Claudia, viens, emportons notre pauvre enfant et allons à l’autre bout du monde. »

Leone secoua la tête et retint sa femme dans ses bras.

On entendait comme une rumeur dans le parc.

— « Écoute ! dit-il en prêtant l’oreille, il est trop tard ; mais du moins on ne me prendra pas vivant. »

Claudia poussa un cri et étreignit Leone avec passion.

— « Tue-moi d’abord, gémit-elle, je ne veux pas te voir mort. »

La jeune femme avait ses beaux cheveux en désordre sous les lèvres de son époux ; dans cette toison ondoyante, le rouge d’une fleur éclatait ; lui, cherchait, tout alentour, du regard, une arme sans doute.