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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/221

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DES ROSEAUX EN FLEUR.

— « Qui sait ce qui arrivera ? dit-elle, en terminant. Cela dépend du dieu des vents, il soufflera ici ou là, rassemblant ou séparant. »

Cette allusion au nom de Fûten, qui est aussi celui du Génie des vents, était transparente ; tous levèrent les yeux vers Fûten avec des sourires.

— « Allons, s’écria-t-il gaîment, il faut offrir quelques libations à ce génie capricieux afin qu’il souffle au gré de chacun. Reçois ceci, Fûten. »

Et il vida d’un seul trait une pleine coupe de saké.

Toute la société se prit à rire, hormis Yamata et Mïodjin.

Le repas se prolongea longtemps, puis l’on dansa autour des restes. Fûten proposa la ronde du riz : mais il était seul à en connaître les figures nombreuses et compliquées, on s’embrouilla, on s’essouffla et chacun finit par s’étendre sur l’herbe pour sommeiller.

Le soir, on illumina les embarcations et on s’en revint lentement vers la ville. Les deux barques glissaient côte à côte, balançant leurs grosses lanternes rondes. La chanteuse de légendes effleurait distraitement les cordes de son instrument.