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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/223

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DES ROSEAUX EN FLEUR.

Et ils prirent leur élan, pour s’engager au milieu de la cohue, comme s’ils se jetaient dans des flots agités.

De toutes parts, les lanternes multiformes, multicolores, qui décoraient les maisons, jetaient leurs lumières et faisaient briller les broderies, les riches étoffes des toilettes des promeneurs. Au sommet de longues tiges de bambous, alignées de chaque côté des rues, étaient suspendues tantôt de minces banderoles en soie, en papier doré, tantôt des houppes de crins, des plumets, des pompons ; ailleurs, c’étaient des poissons en paille laquée, attachés par les ouïes et qui se balançaient au haut d’un mât. De longues bannières flottantes montraient et cachaient tour à tour, selon le caprice du vent, des armoiries, des fleurs, des animaux fantastiques, brodés dans leurs plis, ou bien, immobiles, tendues qu’elles étaient sur des cadres de roseaux, laissaient voir de gigantesques personnages : dieux, souverains, guerriers illustres ; ou encore, en caractères d’or, des sentences, des satires, des vers fameux. Les marchands d’objets d’art, de bronze, d’émaux, avaient mêlé à leur brillant étalage des armes rares, des casques, des armures toutes mon-