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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/224

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L’AUBERGE

tées, qui prenaient l’aspect étrange d’insectes géants.

À chaque moment passaient des bandes de jeunes garçons, portant sur leur épaule un grand sabre de bois laqué. De larges lames, semblables, en carton argenté, recourbées d’une façon bizarre, étaient plantées de loin en loin, dans le sol, par les hampes auxquelles elles étaient fixées. Ces glaives, que les enfants saluaient en passant, figuraient l’arme de Sioki, le héros chéri du peuple dont l’image se répétait dans toutes sortes d’attitudes, sur des milliers de bannières.

Le bruit des pas nombreux, froissant le sol, formait un susurrement continu pareil à celui d’une cascade, et sur cette basse se détachaient les rires, les chants, le gai tumulte de la foule.

Les nouveaux amis mirent plus d’une heure à parcourir l’espace qui les séparait de la maison : ce qui se serait fait, un autre jour, en dix minutes.

On se salua amicalement en se promettant de se revoir bientôt, puis on se sépara.

— « Eh bien ? dit Boïtoro à son ami lorsqu’ils furent seuls, nos affaires sont en bonne voie : pourquoi donc parais-tu si abattu ?