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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/241

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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

Tous se turent et se mirent à marcher avec des précautions exagérées le long de la muraille.

— « Voici la maison de mon oncle, » reprit Cœur-de-Rubis, cent pas plus loin.

— « Chut ! » fit toute la bande, avec un ensemble qui produisit un bruit pareil à celui du vent dans les roseaux.

Cœur-de-Rubis appela d’un geste un esclave qui suivait à quelque distance les jeunes seigneurs ; l’esclave s’avança, il portait un rouleau de papier de diverses couleurs et un pot de colle.

On déroula les papiers, et, avec des rires étouffés, les jeunes fous s’approchèrent de la maison désignée par Cœur-de-Rubis.

Elle était d’assez belle apparence, mais délabrée et mal entretenue. L’émail vert de la petite toiture retroussée aux angles, qui formait auvent au-dessus de la porte, était écaillé et manquait par places ; les murs se fendillaient, et l’on ne distinguait plus de quelle couleur ils avaient été peints, sous les mille éclaboussures qui la couvraient. La rouille dévorait la tortue de fer qui servait de marteau ; on voyait enfin que le propriétaire refusait à sa demeure les réparations qu’elle réclamait impérieusement.