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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/242

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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

Une affiche, d’un beau rouge pourpre éclatant, apparut bientôt sur le ton sale de la porte. De gros caractères élégamment tracés s’alignaient en colonnes.

« Chaque être, chaque chose, disaient-ils, porte le nom qui lui convient ; jamais on n’a vu une souris se faire appeler cheval, ni un monceau de fumier prendre le nom d’une fleur parfumée. Alors pourquoi San-Ko-Tcheou, le vénérable propriétaire de cette maison, n’est-il pas nommé : l’Avare, le Ladre, l’Esclave-de-ses-sacs, ou de quelque autre titre analogue ? »

Une affiche bleue s’était étendue au-dessous de l’affiche rouge.

« Écoutez une jolie histoire, disait celle-ci. Un vénérable avare du faubourg de Tsié-Tan fut prié à dîner par un seigneur de la haute ville : l’avare accepta l’invitation, et, le jour venu, mangea avec grand appétit et but au point qu’il fallut le rapporter chez lui. Les convives qui assistaient au dîner se hâtèrent, l’un après l’autre, de rendre au noble seigneur sa politesse ; chaque fois l’avare fut invité, et il dîna successivement chez tous les convives du noble seigneur. Depuis lors,