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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/63

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ISOLINE

orages ; il venait à la leçon avec une honte cachée.

Une fois elle se leva brusquement et avec une dignité bizarre :

— Vous êtes un menteur, » lui cria-t-elle, en lui lançant le livre au visage.

Le père offrit cet affront à Jésus. Il se crut vraiment récompensé de son humilité lorsqu’en traversant la cour à la suite d’Isoline qui lui échappait, il vit un garçon de ferme remettre à la fillette une lettre et qu’il en eut pris connaissance d’un coup d’œil par dessus la tête de l’enfant.

Ma chère petite Isol,

J’espère que tu sais lire à présent et que tu pourras me comprendre. Écoute bien, si tu m’aimes toujours comme autrefois : il ne t’est pas défendu de sortir, moi je ne peux aller vers toi ; mais je t’attends de l’autre côté de la porte qui donne sur la vallée. Passe bravement cette porte et tu seras dans mes bras.

Marie.

Isoline poussa un cri strident, s’élança vers la grande porte verte dont elle était peu éloignée et se mit à la frapper avec frénésie de ses poings fermés.