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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/64

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ISOLINE

— « Ouvrez ! ouvrez ! » hurlait-elle.

Mathurin Ferron accourut.

— « Que désire Mademoiselle ?

— Ouvrez la porte, je veux sortir.

— Sortir !

— De quel droit m’en empêcherez-vous ? »

Mathurin fit un salut et s’éloigna pour aller relire la fameuse pancarte. Il revint bientôt et tira lui-même les barres de fer du portail.

— « Je connais mes devoirs, dit-il ; en tout ce qui n’est pas contraire au règlement, je suis aux ordres de Mademoiselle. »

La porte s’ouvrit, la vallée avec ses verdures fraîches apparut baignée de soleil. Isoline d’un seul bond s’élança dehors et pour la première fois franchit les limites du château.

Marie, qu’un arbre masquait, fit un pas et la reçut dans ses bras. Ce fut une étreinte nerveuse mouillée de larmes où les mots s’étouffaient ; puis elles s’assirent sur l’herbe, serrées l’une contre l’autre, se regardant à travers les pleurs. L’enfant avait pâli, grandi, les yeux de la mère s’étaient creusés et ses petits bandeaux, sous la coiffe, étaient tout blancs. Elles restèrent là jusqu’au soir, se parlant bas,