Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
de l'écriture sainte.

Feriam domui Judæ fœdus novum, non secundum pactum quod pepigi cum patribus vestris, etc., se justifie de s’être servi du terme de pactum au lieu de Testamentum, en alléguant qu’il n’a fait en cela que traduire fidèlement l’hébreu[1]. Le même Père dit ailleurs que partout où la version grecque porte Testament il faut l’entendre, d’après le texte original, d’un pacte ou d’une alliance[2]. Aquila, Symmaque et Théodotion, ont traduit l’hébreu berith par sunthêkê (συνθήκη) qui signifie proprement alliance : aussi saint Jérôme n’a pas manqué d’invoquer leur autorité, lorsqu’il a voulu excuser saint Paul d’avoir employé le mot Testament au lieu d’alliance[3]. Ce sentiment de saint Jérôme, quoiqu’il soit devenu très-commun parmi les interprètes et les critiques, ne paraît pas suffisamment fondé, car au chapitre ix, vers. 15-18 de son Epître aux Hébreux, saint Paul suppose évidemment que le mot diathèké Λιαθήκη), même appliqué à la loi ancienne, signifie un Testament, ou si l’on veut une alliance, mais une alliance qui est au moins, sous quelque rapport, de même nature que le Testament, c’est-à-dire qui n’a réellement d’effet qu’après la mort de celui qui en est l’auteur ; puisque, d’après le même apôtre, les promesses faites par la loi ancienne, sous l’emblème des figures, n’ont pu être exécutées que par la mort du Dieu qui avait donné cette loi ; et que les victimes qui figuraient le Fils de Dieu ont été immolées pour annoncer qu’il mourrait lui même afin d’accomplir la vérité de ces ombres et de ces figures.

Saint Ambroise n’est pas moins explicite quand il dit : Nam et Moyses accepto sanguine vituli in paterâ, adspersit filios Israel, dicens : Hoc est Testamentum quod disposuit Deus ad vos[4]. Et quand, expliquant ailleurs ces paroles du Deutéronome : Et restituet (Dominus) Testamentum suum quod juravit patribus vestris, etc., il ajoute : Testamentum dicitur, quoniam sanguine dedicatum est, Vetus in typo, Novum in veritate[5]

Après avoir essayé de concilier les deux opinions, D. Calmet ajoute :

  1. « Quod autem pactum pro Testamento ponimus, hebraicæ veritatis est : licet Testamentum recte pactum appelletur : quia voluntas in eo atque testatio eorum qui pactum ineunt, continetur (Hier. in Jerem. cap.  xvii). »
  2. « Notandum quod ubicumque in græco testamentum legimus, ibi iu hebræo sermone sit fœdus, sive pactum, id est, berith (Libr. Quœst, hebraic. in Gen. cap. xvii). »
  3. « Et cæteri interpretes ex hebræo pactum reddiderunt, hoc est Aquila, Symmachus, Theodotion (Hier, in Gal, cap. iv super id : Hoc autem dico, testamentum confirmatum à Deo). »
  4. « Hoc figura fuit Testamenti, quod Dominus novum appellavit per prophetas ; ut illud vetus sit quod Moyses tradidit. Testamentum ergo sanguine constitutum est ; quia beneficii divini sanguis testis est (Ambr. in 1 Cor. cap. xi super id : Mortem Domini annuntiabitis). »
  5. Ambr. de Cain et Abel l.  I, c VII, n. 28.