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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/31

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de l’excellence ou de l’autorité.

donner un démenti fondé aux savants laborieux qui, après avoir étudié, avec tous les moyens et toutes les ressources possibles à l’homme, l’origine et l’histoire de tous les peuples du monde ont affirmé que ce point central ne pouvait être que le point assigné par Moïse, et que tout autre point ne saurait rendre compte de la dissémination des différentes branches de la famille primitive ? Mais cette histoire est encore la plus suivie et la mieux enchaînée. Tous les événements se tiennent et se demandent les uns les autres. « Que dirai-je, s’écrie de nouveau Bossuet, que dirai-je du consentement des livres de l’Écriture et du témoignage admirable que tous les temps du peuple de Dieu se donnent les uns aux autres ? Les temps du second temple supposent ceux du premier, et nous ramènent à Salomon. La paix n’est venue que par les combats : et les conquêtes du peuple de Dieu nous font remonter jusqu’aux Juges, jusqu’à Josué, jusqu’à la sortie d’Égypte. En regardant tout un peuple sortir d’un royaume où il était étranger, on se souvient comment il y était entré. Les douze patriarches paraissent aussitôt, et un peuple qui ne s’était jamais regardé que comme une seule famille, nous conduit naturellement à Abraham, qui en est la tige[1]. » Or, l’histoire d’Abraham nous conduit à Sem dont il descend, et remonte au déluge et jusqu’à Noé. L’histoire de Noé nous ramène aux patriarches antédiluviens et jusqu’à Adam, le père de tous les hommes. Que sont maintenant toutes les histoires ou plutôt les fables des autres peuples, auprès de l’histoire de nos livres saints, histoire qui fixe le commencement des choses, les origines, les noms, les habitations des peuples divers ; qui appuie la narration sur des monuments incontestables, qui suit le peuple dès son commencement, et qui est si étroitement enchaînée, qu’on ne peut en détruire un article sans renverser tout le reste ?

5. La doctrine contenue dans ces livres est des plus pure et des plus élevée. Rien de plus exact que ce qu’ils nous apprennent de Dieu et du culte qui lui est dû, de l’homme et de sa fin ; toute la morale n’en est pas moins pure, et se trouve d’accord avec la raison. Aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme soi-même, voilà la loi et les prophètes. La législation de Moïse est si parfaite, que pendant trois mille ans on n’a eu besoin ni de la changer ni de la modifier. Qu’on lise l’abbé Guénée, BuUet, le Droit mosaïque par Michaëlis[2], et la Politique sacrée par Bossuet, et on aura une nouvelle preuve de la perfection de ce code de lois. Le but en effet de cette législation est le plus grand et le plus noble qu’un législateur puisse se proposer, celui de conserver la foi d’un Dieu créateur de tout l’univers, et de préparer les voies au grand

  1. Discours sur l’hist. univ., sec. part. tom. XXXV, ch. XXVIII, pag. 401.
  2. Michaëlis a cependant beaucoup ôté de la sublimité de la législation mosaïque par ses principes rationalistes.