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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/35

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de l’excellence ou de l’autorité.


QUESTION PREMIÈRE.
L’Ecriture sainte a-t-elle été composée par inspiration divine ?.

Si l’on veut bien comprendre tout ce que nous avons à dire ici, il faut se faire une idée nette et précise du vrai sens qu’on doit attacher au mot inspiration, et connaître les erreurs auxquelles a donné lieu cette importante question.

1. On distingue quatre secours différents qui ont pu aider les écrivains sacrés dans la composition de leurs ouvrages, savoir : la révélation, l’inspiration proprement dite, l’assistance du Saint-Esprit et le mouvement pieux.

La révélation est la manifestation surnaturelle d’une vérité jusque-là inconnue à celui à qui elle est manifestée. Ainsi c’est par la révélation que Dieu fit connaître à Noé le temps du déluge, et qu’il a manifesté aux prophètes tout ce qu’ils nous ont appris touchant le Messie, et tout ce qu’ils ont écrit d’ailleurs sur des événements qu’il leur était impossible de connaître par des voies naturelles.

L’inspiration proprement dite est ce secours surnaturel qui, influant sur la volonté de l’écrivain sacré, l’excite et le détermine à écrire, en éclairant son entendement de manière à lui suggérer au moins le fond de ce qu’il doit dire[1]. C’est là le sens que nous attachons aux propositions dans lesquelles nous allons établir que l’Écriture sainte a été divinement inspirée aux écrivains sacrés.

L’assistance du Saint-Esprit est ce secours par lequel l’Esprit saint dirige l’entendement de l’écrivain sacré dans l’usage de ses facultés, de telle sorte qu’il ne commette aucune erreur. C’est ce secours que Jésus-Christ a promis à son Église et qui la rend infaillible dans ses décisions.

Le mouvement pieux enfin est un secours ordinaire par lequel Dieu porte un auteur à écrire avec une intention pure, en secondant les efforts qu’il fait pour ne s’écarter en rien de la vérité, mais sans lui donner aucune assurance d’infaillibilité. On peut citer par exemple, comme ayant été favorisé de ce secours, l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ.

2. Les anoméens, anciens hérétiques, sont les premiers qui aient nié l’inspiration de l’Ecriture sainte. Plus tard, Grotius et Spinosa ont soutenu que les livres historiques n’ont point été inspirés[2].

Jean Le Clerc, dans l’ouvrage qui a pour titre Sentiments de quelques

  1. Voyez le corollaire à la fin de ce chapitre et compar. Cornelius à Lapide, in 2 Tim. III, 16. Gotlob Carpzov. Critica sacra, P. 43, edit. sec.
  2. Grot. Votum pro pace ecclesiaticâ. Eccl. tit. de Can. Script. — Spinosa, Trac. theol. polit. cXI