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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/34

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de l’écriture sainte.

autre triomphe non moins glorieux leur était réservé, celui de voir les hommes qui, dans ces derniers temps, se sont immortalisés par la sublimité de leur génie et leur profond savoir, venir leur payer à l’envi le tribut de leur admiration. Qui en effet professa jamais pour la Bible un respect plus grand que ne le fit Descartes ? Pascal en faisait ses délices et la savait presque par cœur. Newton avouait que c’était le plus authentique de tous les livres, et il n’a pas cru perdre son temps en commentant l’Apocalypse. Leibnitz trouvait l’origine des peuples conforme à la narration de Moïse, et cette conformité le frappait d’admiration. Quant à Bacon, il suffit de lire son chapitre intitulé De la dignité de la science prouvée par l’Ecriture, pour comprendre le cas qu’il en faisait : il n’a pas craint d’avouer que le moyen sûr d’arriver à une véritable connaissance de l’origine du monde, était de bien comprendre l’œuvre des six jours. Euler lisait tous les jours un chapitre de la Bible. Fréret, si connu par son érudition et la hardiesse de sa critique, disait que la lecture de l’Ecriture sainte était nécessaire pour former un véritable savant. Terminons par un témoignage qui résume tous les autres, celui d’un savant Anglais à la fois géomètre, jurisconsulte, profondément versé dans la littérature des peuples orientaux, dont il connaissait parfaitement les langues, et qui avait étudié à fond toutes les traditions et toutes les histoires des nations de la terre, en un mot, de W. Jones, qui déclare franchement, que s’il eût trouvé l’histoire de l’Ecriture sainte en défaut, il l’eût abandonnée sans balancer, mais qu’après un examen approfondi, il était obligé d’avouer que les principaux points de la narration de Moïse étaient confirmés par les histoires des peuples anciens et par les fictions de leur mythologie ; qu’il y avait plus de philosophie et de vérité, plus d’éloquence et de poésie dans la collection de nos livres sacrés que dans tous les autres livres dont il possédait les langues.


ARTICLE II.
De l’autorité de l’Écriture sainte considérée comme divinement inspirée.

C’est surtout l’inspiration divine qui distingue l’Ecriture sainte de tous les autres livres, puisqu’elle seule, en lui imprimant le sceau de l’autorité divine, la place au-dessus d’eux à une distance infinie. Les questions que nous examinerons dans cet article, sont : 1° si l’Ecriture a été réellement composée par inspiration divine ; 2° si l’inspiration s’étend à toutes les parties de l’Ecriture, même à celles qui ne concernent ni la foi ni les mœurs ; 3° enfin si la simple assistance n’a pas suffi aux écrivains sacrés dans certaines parties de leurs ouvrages, et si l’inspiration doit s’étendre jusqu’aux mots dont ils se sont servis.