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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/39

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de l’excellence ou de l’autorité.

cueillis par Esdras sont également marqués du sceau divin[1] ; dans le livre de la Sagesse, que Moïse est un saint prophète, et que la souveraine sagesse a instruit les amis de Dieu et les prophètes[2] dans Baruch, que les livres des Juifs sont des préceptes divins [3].

Enfin les deux Talmuds et tous les rabbins nous enseignent que telle a été la doctrine des anciens Juifs. De sorte que non-seulement les Juifs de Palestine croyaient à l’nspiration divine de leurs livres, mais encore les hellénistes, les schismatiques d’Héliopolis, les Samaritains et les trois sectes qui existaient au temps de Jésus-Christ, c’est-à-dire les pharisiens, les sadducéens et les esséniens[4].

Un accord aussi unanime, aussi universel et aussi constant de la part des Juifs de tous les lieux et de tous les temps, devait avoir un fondement solide et des motifs bien puissants, et il les a en effet ; car 1o quelques-uns des auteurs de ces livres, comme Moïse, avaient prouvé la divinité de leur mission par des miracles ; 2o la plupart de ces auteurs étaient des prophètes ; 3o parmi ces livres, les uns étaient notoirement l’œuvre des prophètes, les autres passaient pour avoir été écrits ou approuvés par des prophètes ; 4o c’était de Dieu même que plusieurs auteurs sacrés avaient reçu l’ordre d’écrire ; ainsi, on lit, Exode, xvi, 14 : « Ecris ceci dans le livre. » (Voyez aussi Exode, xxiv, 4, 7.) Isaïe, VIII, 1 : « Prends un grand livre ; et écris-y. » Jérémie, xxx, 2 : « Ecris dans un livre toutes les paroles que je t’ai dictées. » Ezéchiel, xxxiv, 2 : « Fils de l’homme, écris, etc. » Habacuc, ii, 2 : » Ecris une vision, etc, » D’où il suit qu’une autorité divine assurait les Juifs de l’inspiration de leurs livres, et que par conséquent une autorité divine nous assure nous-mêmes, qui avons reçu ces livres dans toute leur intégrité, de l’inspiration de l’Ancien Testament.

2. Au temps de Jésus-Christ, l’inspiration divine de l’Ancien Testament était pour le peuple juif un dogme de foi, comme nous venons de le démontrer. Or, si cette croyance eût été fausse, Jésus-Christ, qui venait pour épurer la religion des Juifs des fausses traditions qui la défiguraient, n’aurait-il pas dû s’élever contre une erreur aussi fonda-

  1. 1 Mac. xii, 9 ; 2 Mac. viii, 23
  2. Sap. VII, 27 ; xi, 9.
  3. Bar. iv, 1.
  4. Plusieurs auteurs, en suivant l’opinion de Tertullien, d’Origène, de saint Jérôme et de quelques autres pères, ont prétendu que les sadducéens n’admettaient que le Pentateuque ; mais il paraît plus probable qu’ils admettaient au moins les livres prophétiques ; sans cela Joseph, qui leur reproche de rejeter la tradition, n’aurait pas manqué de les accuser sur ce point. Voy. les autres preuves en faveur de notre opinion dans R. Simon, Hist, critique du V, T. l. i, ch. , xvi. Gabriel Fabricy, Des titres primitifs de la révélation, t. i, pag. 125-126. La Bible de Vence, Dissertation sur les sectes des Juifs.