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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/41

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de l’excellence ou de l’autorité.

tiques ; son raisonnement devient même plus fort et plus concluant, s’il parle en général de tous les écrivains sacrés, qui, selon l’opinion des Juifs, étaient tous des prophètes. « Je sais, dit Richard Simon, qu’on explique ordinairement ce passage plutôt des livres prophétiques que de toute l’Ecriture en général ; mais si l’on veut un tant soit peu s’appliquer à toute la suite du discours de saint Pierre, on trouvera qu’il parle de l’Ecriture sans restriction, et que le mot prophétie ne doit pas être pris en cet endroit-là pour ce que nous appelons proprement prophétie, mais pour tout le corps de l’Ecriture, qu’on nommait aussi en ces temps-là prophétie, comme les Juifs appellent encore prophéties la plupart des livres historiques de la Bible. Joseph met au nombre de ces prophéties tous les livres de l’Ecriture, parce qu’ils ont été écrits par des prophètes ou personnes inspirées de Dieu. Les Juifs caraïtes comprennent aussi sous le nom de הבּבאה (hanneboua), prophétie, les vingt-quatre livres du Vieux Testament. Et je ne doute point qu’on ne doive prendre en ce même sens dans l’Epître de saint Pierre, ces mots : toute prophétie de l’Ecriture, c’est-à-dire, toute l’Ecriture qui est prophétique ou inspirée. Car les Juifs de ce temps-là croyaient aussi bien qu’aujourd’hui que toute l’Écriture était inspirée : et c’est ce que saint Pierre a voulu marquer dans sa seconde Épître, ou il parle généralement des écrivains sacrés, et non pas des prophètes en particulier, parce que les prédictions touchant le Messie ne sont pas renfermées dans les seuls prophètes[1]. » Saint Paul écrivant à son disciple Timothée, lui dit : « Quant à vous, demeurez ferme dans les choses que vous avez apprises et qui vous ont été confiées, sachant de qui vous les avez apprises, et considérant que vous avez été nourri dès votre enfance dans les lettres sacrées, qui peuvent vous instruire pour le salut, par la foi qui est en Jésus-Christ : car toute l’Ecriture étant inspirée de Dieu, est utile pour s’instruire, pour reprendre, pour corriger, et pour conduire à la justice, afin que l’homme de Dieu soit parfait et disposé à toutes sortes de bonnes œuvres [2]. »

  1. Réponse aux sentiments de quelques théologiens de Hollande, chap. VI, pag. 61, 62.
  2. 2 Tim. III, 14-17. Nous devons remarquer, par rapport à ce texte, que la Vulgate porte : Omnis Scriptura divinitus inspirata, utilis est ad docendum ; mais que le grec lit : Πᾶσα γραφὴ θεόπνευστος, καὶ ὠφέλιμος πρὸς διδασκαλίαν ; or la conjonction καὶ suppose évidemment que le verbe substantif est se trouve sous-entendu devant θεόπνευστος, et par conséquent devant ὠφέλιμος. L’ancienne Vulgate lit comme le grec, et cette leçon est conforme tant aux versions orientales qu’à l’explication que les pères ont donnée de ce passage. Le texte grec porte, il est vrai : Toute écriture et non pas toute l’Ecriture ; mais l’article est encore sous-entendu ; sans cela, la phrase offrirait un sens évidemment faux et absurde ; d’ailleurs le mot écriture doit être restreint aux mots sacras litteras, qui précèdent immédiatement ; or, c’était dans les Ecritures de l’Ancien Testament que Timothée avait été nourri dès son enfance.