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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/43

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de l’excellence ou de l’autorité.

l’Evangile de saint Luc allègue le consentement unanime de toutes les églises fondées par les apôtres, et des autres églises qui tiraient leur origine de ces dernières[1]. Ces textes démontrent jusqu’à l’évidence que dans l’Eglise chrétienne on n’admettait comme doctrine pure et véritable que celle qui remontait jusqu’aux temps apostoliques ; et la conséquence Immédiate de ce principe, c’est que l’Eglise primitive tenait des apôtres mêmes le dogme de l’inspiration divine du Nouveau Testament.

2. Cette doctrine se retrouve à toutes les époques de l’Eglise chrétienne. Ecoutons les saints Pères, qui sont des témoins irrécusables de la foi de leur temps. Nous avons déjà vu saint Clément, disciple des apôtres, appeler les Ecritures « les oracles du Saint-Esprit. »

Saint Justin, qui vivait au IIe siècle, dit dans sa Seconde Apologie : « qu’il ne faut pas attribuer aux prophètes inspirés ce qu’ils disent, mais qu’il faut le rapporter au Verbe de Dieu qui les inspire ; » et dans son Dialogue contre Tryphon : « qu’il n’y a point de contradiction dans l’Ecriture sainte, et que s’il paraît y’en avoir, c’est que nous ne les entendons pas. » Enfin, dans la Première Exhortation aux gentils il enseigne que les écrivains sacrés n’ont pas eu besoin d’art pour composer, et qu’ils n’ont point écrit dans un esprit de dissension et d’animosité, parce qu’ils n’ont eu qu’à se purifier pour recevoir l’opération du Saint-Esprit, qui, descendant du ciel comme un archet tout divin, s’est servi des hommes qu’il avait choisis pour cela comme d’un instrument de musique, afin de nous révéler la connaissance des choses célestes et divines. »

Saint Irénée, au commencement du iiie siècle, soutient que « nous sommes obligés de croire à l’Ecriture sainte, parce qu’elle est parfaite, étant dictée par le Verbe de Dieu et par son Esprit[2]. » Il dit ailleurs que « dans les livres de Moïse, c’est Moïse qui écrit, mais que c’est Jésus-Christ qui parle : Mosis litteræ, verba sunt Christi[3]. »

Athénagore, apologiste célèbre du même siècle, après avoir dit dans sa Légation adressée aux empereurs Marc-Aurèle, Antonin et Aurèle-Commode, que les prêtres et les sages du paganisme se sont trompés en parlant de Dieu, de la matière et du monde, ajoute : « Mais quant à nous, nous avons pour témoins de nos sentiments et de notre foi les prophètes, qui, étant conduits et éclairés par le Saint-Esprit, ont parlé de Dieu et des choses divines… Est-il juste et digne de la raison dont l’homme a été doué de vouloir décider par des raisons tout humaines d’une foi et d’une religion appuyées sur l’autorité de l’Esprit divin, qui

  1. Adv. Marc. l. IV, c. V.
  2. Adv. hœres, l. I, c. xlvi, xlvii.
  3. Ibid. l. IV, c. iii.