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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/47

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de l’excellence ou de l’autorité.

Rép. L’inspiration telle que nous l’avons définie ({{pag.|14) n’exclut ni le travail ni l’industrie des écrivains sacrés, puisqu’elle ne fait que déterminer leur volonté à écrire, en éclairant leur entendement de manière à les préserver de toute erreur ; ce qui suffit pour donner à leurs écrits le sceau de l’autorité divine. Et si l’auteur du deuxième livre des Machabées sollicite l’indulgence de ses lecteurs, c’est qu’il suppose uni- quement qu’il a pu ne pas toujours observer en composant son ouvrage les règles du genre historique, ou que son style peut bien n’être pas assez élégant, mais nullement qu’il ait pu commettre des erreurs de fait dans ce qu’il rapporte.

Obj. 3o Plusieurs rationalistes allemands prétendent que Jésus-Christ et les apôtres étant Juifs, ont appelé les Ecritures de l’Ancien Testament divines non point dans le sens d’inspirées, mais dans l’acception que ce mot avait chez le peuple juif, celle de livres contenant une doctrine excellente et qui venait de Dieu.

Rép. Mais nous ne pouvons mieux juger du sentiment des Juifs qui vivaient du temps de Jésus-Christ et des apôtres que par les témoignages de Joseph et de Philon, auteurs contemporains : or il est impossible, quand on a lu leurs textes tels que nous les avons rapportés, de ne point reconnaître que les Juifs entendaient par l’autorité divine de leurs livres, l’inspiration proprement dite, et qu’ils n’attachaient nullement à cette expression le sens large que les rationalistes voudraient lui attribuer. Et d’ailleurs si, contre toute évidence, on voulait trouver encore quelque obscurité dans le sentiment de ces deux auteurs, les témoignages clairs et nombreux que nous fournissent les Talmuds et les anciens rabbins suffiraient pour la dissiper entièrement.

Obj. 4o Le témoignage de Jésus-Christ et des apôtres, disent d’autres rationalistes, ne prouve rien en faveur de l’inspiration ; les arguments que Jésus-Christ et les apôtres tiraient de l’inspiration des Ecritures n’étaient que des arguments dits ad hominem ; car, puisque, selon l’opinion assez commune, les apôtres ont pu argumenter d’après certains sens que les Juifs donnaient aux prophéties de l’Ancien Testament, sans


    tremère, a cru voir une légère inexactitude dans notre traduction de ce dernier passage des Machabées ; car il prétend que le texte grec signifie : « Si mon ouvrage offre quelque chose de beau et d’élégant, c’est à quoi j’aspirais. Si, au contraire, il ne présente rien que de bas et de médiocre, c’est là tout ce que j’étais capable de faire (Journal des Savants, Octobre 1845, p. 600). » Le savant critique n’aurait certainement pas fait cette observation, s’il avait songé que ce n’est pas le sens du texte grec que nous avons voulu rendre, mais bien celui de la Vulgate latine, qui porte à la lettre : Et si quidem bene, el ut historiæ competit, hoc et ipse velim : sin autem minus digne, concedendum est mihi. Ajoutons qu’il nous semble d’ailleurs, que, sans être aussi littérale, la traduction de saint Jérome ne rend pas moins fidèlement la vraie pensée de l’écrivain sacré.