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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/48

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de l’écriture sainte.

néanmoins les approuver, pourquoi n’auraient-ils pas pu argumenter également d’après l’inspiration de l’Ecriture, sans toutefois l’admettre ?

Rép. Avant de répondre directement à cette objection, nous ferons observer que ce n’est que très-rarement qu’on recourt à ce genre d’argumentation, et que Jésus-Christ et les apôtres citant continuellement l’Ecriture dans tous leurs discours, il faudrait supposer qu’ils étaient toujours en opposition aux lois ordinaires du langage, supposition aussi gratuite que ridicule. Disons maintenant 1o que quand on emploie les arguments ad hominem, on doit faire connaître par la suite des choses, ou par un avertissement exprès, que c’est de cette manière que l’on argumente, surtout quand le principe que l'on suppose est une erreur fondamentale qu’on est obligé de combattre ; 2o qu’on ne doit point se servir d’une fausse doctrine vis-à-vis de ceux qui ne l’admettent pas ; 3o que quand on établit des points de doctrine, ou des préceptes de morale, ce ne doit jamais être sur une erreur fondamentale. Ce sont là autant de lois sacrées, que la raison et l’équité naturelles prescrivent à tout moraliste. Voilà pourtant les lois que Jésus-Christ et les apôtres auraient violées, si l’opinion que nous combattons avait quelque fondement ; car 1o ils ne nous ont donné aucun signe pour distinguer leur véritable sentiment, quoique la doctrine qu’ils supposaient fût une erreur fondamentale, qu’ils devaient expressément rejeter ; 2o saint Paul a supposé l’inspiration de l’Ecriture en disputant contre les gentils, qui ne l’admettaient pas, et la tradition nous apprend que les apôtres ont enseigné aux églises à s’en servir indistinctement contre tous les ennemis de la religion chrétienne, soit Juifs, soit païens ; 3o enfin, saint Paul exhortant Timothée, son disciple, à la lecture de l’Ecriture sainte, lui donne pour motif principal l’inspiration de cette même Ecriture[1], inspiration que nos adversaires regardent comme une erreur capitale, qui jusqu’à eux a empêché les hommes d’entrer dans le sens des livres sacrés.

Obj. 5o On objecte encore qu’il est impossible de regarder comme divinement inspiré un ouvrage qui contient des faussetés et des contradictions.

Rép. Mais a-t-on démontré jusqu’ici, de manière à satisfaire un esprit raisonnable, l’existence d’une seule de ces prétendues faussetés ? Quant aux contradictions, elles ne sont qu’apparentes. Les rationalistes d’Allemagne se vantent d’en avoir fait disparaître eux-mêmes un grand nombre ; et il faut en convenir, malgré les erreurs capitales où les ont entrainés leurs faux principes d’exégèse et d’herméneutique, leur érudition profonde dans les langues et les sciences orientales leur a fait expliquer d’une manière satisfaisante beaucoup de passages qui, par leur

  1. 2 Tim. III, 14-17