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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/55

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de l’excellence ou de l’autorité.

parce qu’en suivant ce conseil elles seront plus heureuses, il ajoute : « Et je crois que j’ai aussi en moi l’Esprit de Dieu[1]. » C’était par une inspiration particulière que l’Apôtre donnait des conseils si sages, et lorsqu’il les mettait par écrit dans ses lettres adressées aux fidèles, ils devenaient partie des Ecritures divines. Or toute Ecriture sacrée est divinement inspirée et utile pour enseigner et instruire.

Quant aux deux passages de la deuxième Epître aux Corinthiens, il n’est pas difficile d’y répondre. D’abord saint Paul ne se repent point, à proprement parler, d’avoir repris les Corinthiens, puisque la correction et la réprimande qu’il leur avait faites étaient devenues si utiles ; mais il veut dire qu’il s’en était attristé, en prenant part à la tristesse qu’ils en avaient ressentie ; semblable à un père qui, voyant la tristesse dont son fils est accablé lorsqu’il a été repris et corrigé, ressent lui-même, en quelque manière par contre-coup, la tristesse de son fils ; mais il a de la joie de voir que ce fils étant touché, se trouve dans l’heureuse disposition de changer de conduite.

En second lieu, lorsqu’il semble reconnaître qu’il agit et qu’il parle en insensé, il veut seulement faire entendre que, quoique en général ce soit une espèce de folie de se glorifier, il est néanmoins obligé de relever la dignité de son ministère et ses travaux apostoliques ; ce qui est une chose utile pour l’édification des fidèles, lorsqu’on se voit obligé d’en venir là, et ce qui serait une espèce de folie, si l’on n’était point contraint de le faire.

8o Enfin nous répondons à la huitième objection, que nous ne prétendons pas que les apôtres aient été infaillibles en toutes choses. En avouant même que saint Pierre a pu se tromper, quoique, comme Tertullien l’a remarqué, ce qu’on lui reproche soit plutôt une faute de conduite qu’une erreur de doctrine : Conversationis vitium fuit, non prœdicationis ; en reconnaissant que dans les difficultés qui se présentaient les apôtres pouvaient se confirmer et s’éclairer mutuellement, il n’y a là rien qui empêche qu’ils n’aient été inspirés chacun dans ses propres écrits. Il faut bien remarquer que le Saint-Esprit, qui a agi en eux, n’a pas voulu leur révéler certaines choses immédiatement et sans les secours ordinaires : au contraire, il a voulu qu’ils s’en servissent, et c’est par cette voie qu’il les a conduits à la vérité. Or, un de ces moyens naturels les plus efficaces était de conférer entre eux sur les contestations qui pouvaient s’élever, et de décider ensuite la chose d’un commun accord : c’est aussi celui que les apôtres employèrent ; mais ils ne se crurent pas par là privés du secours de l’Esprit saint : ils déclarèrent, au contraire, qu’ils ne décidaient la question qui était en litige que par la divine inspiration : Visum est Spiritui sancto et nobis.

  1. 1. Cor. VII, 40.