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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/54

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de l’écriture sainte.

l’Ecriture sainte n’ayant point pour but de nous apprendre les vérités philosophiques, a parlé de ces choses à la manière dont les hommes en parlent ordinairement. C’est la remarque de saint Augustin, qui sur cette question s’exprime en ces termes : « Pour le dire en un mot, nos auteurs ont su touchant la figure du ciel ce qui est véritable ; mais l’Esprit de Dieu, qui parlait par eux, n’a pas voulu enseigner ces choses aux hommes, parce qu’elles leur étaient inutiles pour leur salut[1]. » Ainsi l’Esprit saint ayant laissé les écrivains sacrés parler sur ces objets comme on en parle ordinairement, on n’est pas plus en droit de les accuser de fausseté, qu’on ne le serait d’accuser d’erreur ou de mensonge les coperniciens et les cartésiens, qui, dans leurs discours ordinaires, parlent du mouvement de la terre et de âme des bêtes comme les autres philosophes, quoiqu’ils pensent tout autrement.

6o La sixième objection renferme deux parties distinctes : la première, que les apôtres et les évangélistes n’ont pas toujours rapporté les prophéties dans leurs propres termes ; la seconde, qu’ils citent quelquefois un prophète pour un autre. Nous répondons, premièrement : qu’il est vrai que les apôtres et les évangélistes n’ont pas toujours cité les propres paroles des prophètes ; ils en ont même changé l’ordre, mais ils en ont retenu le sens ; cela suffisait à leur dessein. Il n’y a là ni faute de mémoire ni erreur véritable. Nous répondons en second lieu que les raisons qu’on allègue pour montrer que les écrivains du Nouveau Testament se sont trompés en citant un prophète pour un autre, n’ont aucun fondement : c’est le sentiment de saint Jérôme et de saint Augustin.

7o La septième n’est fondée que sur une équivoque de mots : quoique le Saint-Esprit inspirât les apôtres dans tout ce qu’ils écrivaient, il y a cependant des choses qu’ils ordonnaient de la part de Dieu, et d’autres qu’ils établissaient ou conseillaient d’eux-mêmes. Les premières sont des commandements de droit divin, les autres sont des préceptes humains ou des conseils, mais ces préceptes et ces conseils donnés par les apôtres étaient également inspirés de Dieu. Ainsi, pour bien comprendre le sens des paroles de saint Paul, il faut remarquer que ce saint apôtre appelle précepte ou commandement du Seigneur, ce que Jésus-Christ a ordonné ou prescrit dans l’Evangile, et il reconnaît ensuite qu’outre ces préceptes, les apôtres peuvent donner des conseils qui ne sont pas dans l’Evangile, c’est-à-dire dans les instructions que Notre-Seigneur donnait à ceux qui avaient le bonheur de l’entendre. Mais ces conseils donnés par saint Paul ou par les autres apôtres venaient aussi du Saint-Esprit, et étaient inspirés, surtout lorsqu’ils les donnaient dans des lettres écrites par inspiration : et c’est ce que saint Paul marque assez lorsque après avoir conseillé aux femmes de ne point se remarier,

  1. August. Lib. de Genesi ad litteram, cap. IX.