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de l’excellence ou de l’autorité.

nons cependant ces objections, et voyons si elles sont bien fondées.

1o La première porte sur un raisonnement tout à fait faux. Il est vrai que le but principal de l’Ecriture est de nous instruire des vérités de la religion ; mais s’ensuit-il que les écrivains sacrés n’aient pas été portés par le mouvement et l’impulsion du Saint-Esprit à composer les autres parties de leurs ouvrages ? S’ensuit-il encore qu’il puisse y avoir des faussetés mêlées avec les vérités de la religion ? Au contraire, c’est parce qu’elle nous instruit des vérités de la religion, qu’il faut nécessairement qu’il n’y ait pas d’erreurs mêlées parmi les choses véritables ; autrement le faux serait un préjugé contre le vrai, l’erreur pourrait faire douter de la vérité, et alors toute l’autorité des livres saints se réduirait à rien, et tomberait en ruines.

2o La seconde objection suppose qu’il en est des écrits des apôtres comme de leurs discours ; cependant il y a une grande différence. Pour que les apôtres eussent été infaillibles dans toutes leurs conversations. il aurait fallu que le Saint-Esprit les inspirât perpétuellement et les dirigeât dans leurs pensées, dans leurs paroles et dans leurs actions. Dans ce cas, ils eussent été impeccables ; cependant ils ne l’étaient pas, et il n’était pas nécessaire qu’ils le fussent, parce que leurs prédications étant assez distinguées de leurs conversations familières, on ne pouvait s’y tromper, et les fautes ou les erreurs qu’ils pouvaient commettre dans le commerce de la vie n’avaient rien de commun avec leur doctrine. Il n’en est pas de même de leurs écrits ; ils ont été composés pour l’instruction de l’Eglise, ils devaient servir de règle pour la foi des chrétiens, et être considérés dans l’Eglise comme des livres divins.

3o La troisième a déjà été proposée au temps de saint Jérôme ; ce grand docteur en fait l’exposition dans sa Préface sur l’Epître de saint Paul à Philémon, et sa réponse, qui est sans réplique, sera aussi la nôtre. Nous dirons donc avec lui qu’il n’est nullement indigne de l’Esprit saint de diriger esprit des hommes de manière à ce qu’ils ne commettent point d’erreurs même dans les moindres choses. Tout n’est pas également important, sans doute, dans les saintes Ecritures ; mais il n’y a rien qui soit d’une inutilité absolue ; les traits les moins importants en apparence tiennent ou à l’intégrité et à la simplicité du récit, ou à la liaison des choses.

4o La quatrième n’offre aucune difficulté sérieuse. Ces expressions dubitatives environ, à peu près, ne prouvent nullement que les auteurs qui s’en sont servis n’étaient point inspirés. Ce sont des manières de parler reçues dans le langage ordinaire des hommes. Le Saint-Esprit savait bien le nombre au juste, mais il n’a pas voulu le révéler aux écrivains ; il a jugé qu’il était plus naturel de les laisser parler comme on parle communément, et comme ils auraient parlé d’eux-mêmes.

5o La cinquième se résout aisément par cette simple réflexion, que