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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/52

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de l’écriture sainte.

pour des choses triviales ? Peut-on dire, par exemple, que c’est par son inspiration que saint Paul écrit à Timothée de lui apporter le manteau qu’il avait laissé à Troade chez Carpus, et lui mande qu’il n’y avait que saint Luc qui fût pour lors avec lui ? Fallait-il également être divinement inspiré pour l’informer qu’il avait laissé Trophime malade à Milet ?

4o On remarque souvent dans les livres saints que les auteurs ne sont pas certains au juste de ce qu’ils avancent : de là cette expression d’hésitation et de doute dont ils font usage, environ, à peu près. Mais si l’Esprit leur avait dicté les choses qu’ils écrivaient, les aurait-il laissés dans l’incertitude ?

5o On y remarque encore des opinions fausses ou dont il est permis de douter, comme celles-ci, que le soleil s’arrêta, que les cieux sont solides, etc.

6o Il y a des fautes de mémoire dans les citations de l’Ecriture sainte. Ainsi il arrive quelquefois aux apôtres et aux évangélistes de rapporter les prophéties dans d’autres termes, ou de citer un prophète pour un autre ; ce qui ne peut se concilier avec l’inspiration.

7o Les apôtres reconnaissent qu’ils parlent quelquefois non par l’inspiration du Saint-Esprit, mais d’eux-mêmes. Ainsi saint Paul, dans sa première Epître aux Corinthiens, ch. x, vers. 10, 12, oppose ce que le Seigneur commande, à son propre conseil : « Quant à ceux qui sont maris, ce n’est pas moi, mais le Seigneur qui leur fait ce commande- ment : Que la femme ne se sépare point de son mari. Pour ce qui est des autres ce n’est pas le Seigneur, mais c’est moi qui leur dis. » On peut ajouter que saint Paul se repent, dans sa seconde Epitre, de ce qu’il avait écrit dans sa première, et qu’il avoue qu’il parle comme un insensé en rapportant ses révélations.

8o Les apôtres ont été sujets à erreur, même depuis la descente du Saint-Esprit ; car saint Pierre s’est trompé en voulant soumettre les gentils à des observations judaïques. Pour décider la question de l’observation de la loi, il fallut une assemblée ; donc chacun des apôtres, pris séparément, n’était pas suffisamment inspiré pour la décider ? De plus, l’Eglise même entière, de l’aveu de tout le monde, peut errer sur les faits et dans les matières qui n’appartiennent pas à la religion. Enfin, il n’y a que Jésus-Christ, la vérité même, qui ne soit point sujet à lerreur dans aucun cas.

Rép. Ces objections, quelque spécieuses qu’elles soient au premier abord, ne peuvent pourtant pas l’emporter sur le témoignage formel de Jésus-Christ en faveur de l’inspiration de tout ce qui est contenu dans les livres saints, ni sur celui de Saint Paul, qui n’est pas moins précis à comme nous venons de le voir, ni enfin sur l’autorité des Pères, qui, d’un consentement unanime, ont enseigné que l’Ecriture sainte, sans restriction ni exception aucune, est la parole de Dieu. Mais exami-