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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/51

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de l’excellence ou de l’autorité.

PROPOSITION.
L’inspiration s’étend à toutes les parties de l’’Ecriture, même à celles qui ne concernent ni la foi ni les mœurs.

Quoiqu’il ne soit point de foi que tout absolument dans l’Ecriture ait été divinement inspiré, on peut dire qu’il y a de la témérité et trop de hardiesse à soutenir le contraire.

1. Les faits, même ceux qui au premier abord paraissent n’avoir qu’un rapport éloigné avec la doctrine, forment la partie la plus considérable de l’Ecriture sainte.

2. Lorsque Jésus-Christ et les apôtres ont attribué aux livres saints une autorité divine, ils l’ont fait sans aucune restriction. Bien plus, saint Paul rapporte à la doctrine tout ce qui est contenu dans l’Ecriture sainte : « Tout ce qui est écrit, dit ce grand apôtre, a été écrit pour notre instruction[1]. »

3. L’opinion qui restreint ainsi l’inspiration divine a été tout à fait inconnue dans la primitive Eglise.

4. Dans combien de circonstances ne serait-on pas exposé à prendre le change, en regardant comme étrangers à la doctrine des faits qui s’y rattacheraient pourtant, même d’une manière directe ?

5. Le concile de Trente, en supposant qu’il ne tranche pas entièrement la question, favorise singulièrement notre sentiment. Voici ses propres paroles. « Que si quelqu’un ne reçoit pas pour sacrés et canoniques tous ces livres entiers avec tout ce qu’ils contiennent, et tels qu’ils sont dans l’ancienne édition vulgate latine… qu’il soit anathème[2]. » Ainsi on peut tenir pour certain que tout ce qui est contenu dans l’Ecriture a été divinement inspiré.


Difficultés qu’on oppose à ce sentiment, et Réponses à ces difficultés.

Obj. 1o L’Ecriture n’ayant d’autre fin que de nous instruire de la religion, et non, point des vérités humaines, qu’il n’est pas nécessaire de savoir, il n’y a nulle apparence que Dieu soit intervenu dans les choses purement humaines.

2o Les apôtres n’étaient pas infaillibles dans tout ce qu’ils disaient, mais seulement dans ce qu’ils prêchaient touchant la doctrine et les mœurs ; pourquoi ne pas faire la même distinction par rapport à leurs écrits ?

3o N’est-il pas indigne du Saint-Esprit d’accorder son secours divin

  1. Rom. xv, 4.
  2. Conc. Trid. Sess. IV.