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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/65

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de la canonicité.

Cellérier[1]. Ce dernier qui semble faire profession de combattre le rationalisme, ne s’en garantit pas assez lui-même, quand, par exemple, il traite avec tant de légèreté l’autorité canonique des Hagiographes.

Hævernick, qui a écrit de si bonnes choses sur la canonicité des livres saints, tant dans son Commentaire sur Daniel que dans son Introduction et son Histoire du Canon de l’Ancien Testament, a commis quelques erreurs communes aux protestants même les plus rigides sur la question de la canonicité.

Enfin, parmi les catholiques, R. Simon, le P. Lamy et J. Jahn, ne se sont pas toujours exprimés sur certaines questions touchant le Canon d’une manière assez exacte, comme nous le ferons voir.


SECTION I.
Canons de l’Eglise judaïque.

Si nous voulons nous former une idée juste et complète du Canon des Juifs, il faut nous rappeler que chez les anciens peuples, c’était toujours aux ministres de la religion qu’on confiait la garde et la conservation des écrits considérés comme divins et sacrés[2], et que c’était dans le temple qu’on déposait et qu’on conservait ces précieuses collections[3]. Or les Hébreux ne diffèrent en rien, sous ce rapport, des autres nations. Nous voyons en effet, par plusieurs passages du Pentateuque, que ce livre fut déposé entre les mains des prêtres et mis dans l’arche, ou à côté de l’arche d’alliance, pour y être conservé[4], et qu’avant même qu’il eût été achevé, Moïse faisait dans certaines circonstances la lecture publique et solennelle des parties qui se trouvaient déjà rédigées[5].

Ainsi il est hors de tout doute que le premier canon de l’Eglise judaïque a été le Pentateuque, qui a eu pour auteur Moïse, non-seulement législateur du peuple hébreu, mais prophète, et le plus grand prophète ; Moïse, qui avait prouvé sa mission par des miracles éclatants, et qui,

  1. Bertholdt, Introd. tom. I, p. 70 et suiv. De Wette, Introd. § 7, 13. Cellérier, Introd. à l’A. T. p. 298 et suiv.
  2. Comparez J. E. Jablonski, Pantheon Ægypt. proleg. p. 94 et suiv.
  3. Euseb. Præp. evang. I, 9, Strabon, Geogr. lXIV, 734, édit. de Xylander. Diog. Laërt. IX, 6. Servius, ad Virgil. Æneid. VI, 72. Onuphr. Panvinus, De Sibyll. et Carmin. Sibyll. p. 309.
  4. Deut.XVII, 18., XXXI, 9, 26.
  5. Ex. xxiv, 7. Comparez dans le Pentateuque avec une traduction française, etc., par J.-B. Glaire, tom. II, les notes importantes, pag. 124, 125 et 176.