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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/70

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de l’écriture sainte.

écrits qui tenaient de si près aux principes fondamentaux d’une religion dont ils avaient été les restaurateurs[1]? » Cette supposition est trop absurde pour pouvoir trouver crédit auprès des esprits raisonnables.

2. Si nous remontons dans l’histoire des Juifs vers les temps d’Esdras et de Néhémie, nous trouvons toujours leurs livres traités avec le plus profond respect et regardés comme formant un ensemble[2]. Or, cette manière de les envisager serait tout à fait inexplicable, si le Canon n’avait pas été déjà terminé et présenté au peuple comme revêtu d’une sanction divine.

3. La tradition juive nous renvoie encore, pour la collection du Canon, à cette même époque d’Esdras et de Néhémie. Le témoignage le plus cu- rieux à cet égard se trouve dans la partie du Talmud qui est de la plus haute antiquité, et qu’on appelle Pîrkê Avôth (פרקֵי אבות) Chapitres des Pères. Ce livre, qui contient des sentences, commence ainsi : « Moïse reçut la Loi du Sinaï ; il la donna à Josué, Josué aux anciens, les anciens aux prophètes, les prophètes aux membres de la grande synagogue. » Ces derniers sont donc regardés comme le corps de l’état qui conserva avec fidélité la religion des pères. Or, qu’étaient-ils ces hommes ? Le Talmud les caractérise selon sa manière ordinaire, c’est-à-dire sous la forme d’apophthegmes, en ajoutant : « Ces hommes ont dit trois mots : Mettez une sage lenteur dans les jugements, formez un grand nombre de disciples, et posez une barrière autour de la loi[3]. » La dernière sen- tence, empruntée de ce qui se passa auprès du Sinaï (Ex. XIX, 12, 13), signifie que de même que Moïse, par une barrière, préserva la loi de toute atteinte, de même aussi la grande synagogue veilla à son exacte observation. Or, d’après la Mischna, la barrière qui est autour de la loi, c’est la Massore[4], et la Massore signifie toujours, dans le Pîrkê Avôth, les travaux et les traditions qui concernent le texte du Canon. Enfin, suivant le même livre, le dernier membre de la grande synagogue fut Simon le Juste[5]., que tout s’accorde à représenter comme le successeur d’Esdras[6]. Nous pourrions multiplier les témoignages de cette nature ; mais nous nous bornons à faire remarquer que les auteurs du Talmud de Babylone disent d’une manière très-claire que la grande synagogue a achevé le Canon des livres saints des Juifs[7].

  1. Titres primitifs de la révélation, t. I, p. 78.
  2. Comparez les textes des livres des Machabées, de la Sagesse et de Baruch qui fortifient cette assertion, et que nous avons cités au sujet de l’inspiration, pag. 23.
  3. Voy. la Mischna, edit. de Surenhusius, t. iv, p. 409.
  4. Ibid. p. 442.
  5. Ibid. p. 210
  6. Ibid. Comment. R. Bartenora.
  7. Talm. Babyl. Baba bathra, fol. 13, verso ; fol. 15, verso. Quoique les docteurs