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de la canonicité.

4. L’autorité de Joseph, ou plutôt celle de sa nation, car il parle en son nom, vient encore fortifier notre proposition. Nous avons déjà vu page 16 que, selon cet historien, les Juifs avaient seulement vingt-deux livres qu’ils regardaient comme divins. Or, il dit de ces livres, qu’il y en a cinq dont Moïse est l’auteur, et qui contiennent entre autres choses l’origine du monde et les généalogies des anciens Hébreux ; que depuis la mort de Moïse jusqu’au règne d’Artaxerxès, successeur de Xerxès, roi des Perses, les prophètes ont raconté l’histoire de leur temps, en treize livres ; que les quatre autres livres renferment des cantiques adressés à Dieu, et des règles de conduite ; qu’enfin depuis Artaxerxès jusqu’à son temps, tout est aussi écrit dans les livres ; mais que ces livres ne sont pas estimés aussi dignes de foi que les précédents, vu qu’il n’y a plus eu une succession Constante de prophètes[1]. Ainsi cette succession non interrompue de prophètes a duré chez les Hébreux depuis Moïse jusqu’à Artaxerxès, et par conséquent le Canon embrassant cet espace de temps, ne peut aller au delà. Il est prouvé d’ailleurs que Malachie, le dernier des prophètes, exerça son ministère prophétique vers la fin du règne de ce prince.

5. Le livre de Jésus fils de Sirach (l’Ecclésiastique) a été composé en hébreu probablement environ trois cents ans avant Jésus-Christ, comme paraît l’avoir prouvé Jahn[2]. Or ce livre, après avoir fait mention des hommes illustres et des écrivains des Juifs, et nommé Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, ajoute les douze Prophètes, sans les désigner autrement[3]. Ce qui démontre à la fois, et que les écrits des douze petits Prophètes étaient déjà recueillis en un seul corps d’ouvrage, et que le Canon des Juifs était déjà formé, puisque en effet dans ce Canon les douze petits Prophètes viennent immédiatement après Isaïe, Jérémie et Ezéchiel[4].


    juifs aient enseigné bien des faussetés au sujet de cette grande synagogue, le fond principal de cette tradition est d’autant plus incontestable, qu’il est parfaitement conforme à l’état des choses, telles qu’elles se trouvèrent au renouvellement de la république juive après la captivité de Babylone.

  1. Contr. Ap. l. 1, § 8.
  2. Voy. Jahn, Introd. in Lib. V. T. pag. 463, 464, 2e edit. ou l’édition allemande, p. II, sect. IV, § 249, pag. 927-932. Hævernick fait à ce sujet une remarque que nous croyons devoir reproduire : « Aujourd’hui l’on met ordinairement la composition de ce livre dans un temps plus moderne. Je suis cependant convaincu que Jahn (loc. cit.) a vu, à cet égard, la vérité. Un savant moderne, certainement impartial, est aussi du même avis (Winer, De utriusque Siracidæ ætate, Erlangen 1832), et ses préjugés sur le Canon l’empêchent d’adopter entièrement cette idée. » Mélanges de théol. réformée, 2e cahier, pag. 173
  3. Eccli. XLVIII, 23, 23. XLIX, 8, 10, 12.
  4. Hævernick prétend que le vers. 10 (Vulgat. 12) du ch. XLIX est une interpolation, et que l’auteur de l’Ecclésiastique a omis à dessein les petits Prophètes, afin de né pas interrompre le fil chronologique de sa narration (Hævern. Einleit.