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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/83

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de la canonicité.

ce nombre devaient être regardés comme apocryphes, si ces mèmes Juifs avaient admis un Canon plus considérable que celui d’Esdras.

2. Il est incontestable que les premiers chrétiens, qui avaient reçu des Juifs, Judith, Tobie, l’Ecclésiastique, etc., considéraient ces livres comme apocryphes ; mais est-il permis de croire qu’ils ne les auraient pas au contraire tenus pour canoniques, s’ils les avaient vus faire partie du Canon de l’Eglise judaïque ? Ainsi il est certain que les Juifs n’ont jamais reçu ni reconnu d’autres Canons des Ecritures que celui qui fut dressé au temps d’Esdras, et publié par l’autorité de la grande synagogue.

Sérarius, il est vrai, allègue en faveur de son sentiment un passage de Joseph, qui, dans le second livre contre Apion, cite comme de l’Ecriture cette sentence : Mulier vero in omnibus pejor viro, cujus nequitia mulierem etiam beneficam superat ; sentence qui paraît tirée de l’Ecclésiastique, chap. XLII, vers. 14 : Melior est iniquitas viri, quam mulier bene faciens. Mais on peut remarquer, avec Martianay, que ces deux maximes ne sont pas tout à fait les mêmes, puisque les mots mulier vero pejor viro in omnibus ne se lisent pas dans l’Ecclésiastique. D’où il est aisé de conclure que Joseph n’a point emprunté la sentence qu’il rap- porte du livre de l’Ecclésiastique, qu’il ne cite pas, mais qu’il la tenait plutôt de la tradition et de l’usage, qui l’avait rendue commune parmi les Juifs, et en avaient fait une sorte de proverbe vulgaire. On peut dire encore avec le même Martianay, que, comme l’ont déjà remarqué quelques savants, Joseph rapporte seulement en cet endroit diverses maximes de Moïse dans des termes différents de ceux de l’Ecriture, et entre autres celles-ci : Mulier vero in omnibus pejor viro, qui a trait à ces paroles de la Genèse : Sub viri potestate eris, et à laquelle quelqu’un a ajouté cette sentence de l’Ecclésiastique : melior est, etc., qui d’ailleurs n’est point du texte original de Joseph, puisqu’elle ne se trouve pas dans l’ancienne version de Rufin[1]. Ainsi l’opinion de Sérarius ne paraît pas assez bien fondée pour prévaloir sur les raisons qui la combattent.


QUESTION DEUXIÈME.
Pourquoi les livres deutéro-canoniques n’ont-ils pus été insérés dans le Canon d’Esdras ?

Il faut d’abord remarquer que les livres deutéro-canoniques n’ont pas tous été composés dans le même temps ; on peut même en former deux classes différentes, si on les considère par rapport à leur origine ;

  1. D. J. Martianay, loc. cit. pag. 93, 94.