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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/88

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de l’écriture sainte.

Joseph dit que les événements arrivés après la captivité ont été écrits par des auteurs dont les ouvrages n’ont pas une aussi grande autorité, parce que dans ce temps-là il n’y a pas eu une succession de prophètes aussi certaine[1]. Ce qui prouve au moins que les Juifs faisaient cependant un grand cas de ces livres.

Ces témoignages sont suffisants sans doute pour démontrer : 1o que si les Juifs de la Palestine n’ont point inséré dans le Catalogue de leurs. écrits sacrés les livres deutéro-canoniques, ils les vénéraient et leur accordaient une grande autorité ; 2o que les Juifs hellénistes les tenaient pour sacrés et divins, quoiqu’ils ne les élevassent pas au même rang que les canoniques proprement dits.

Les critiques protestants prenant ici l’expression écrits sacrés et divins comme synonyme rigoureux de livres canoniques, soutiennent que les Juifs hellénistes n’ont pas pu avoir un Canon différent de celui des Juifs de la Palestine ; ce qui, dans leur sentiment, veut dire que les héllénistes n’ont pas pu admettre les deutéro-canoniques comme livres sacrés. Voyons comment ils appuient leur opinion.


Difficultés au sujet de la tradition des Juifs sur les livres deutéro-canoniques ; et Réponses à ces difficultés.

Obj. 1o Les Juifs hellénistes, disent Hornemann, Eichhorn, Hævernick[2], etc., au rapport de Philon, qui devait être très-instruit dans tout ce qui touchait à la religion de ses compatriotes, étaient en communion avec ceux de la Palestine, puisqu’ils Pont envoyé une fois à Jérusalem pour y offrir dans le temple des sacrifices en leur nom[3]. Or cette seule circonstance prouve suffisamment qu’ils ne devaient pas reconnaître d’autres livres que ceux des Juifs de la Palestine.

Rép. Nous concevons difficilement, ou plutôt nous ne concevons pas la justesse de cette conséquence. Personne n’ignore que les sadducéens par exemple, qui différaient des autres classes de Juifs en beaucoup de points, étaient cependant en communion avec eux. Les Juifs de la Palestine et ceux de l’Egypte pouvaient donc n’avoir pas le même Canon, et professer cependant la même religion dans bien d’autres choses. D’ailleurs cette communion entre les Juifs des deux pays n’était pas aussi étroite qu’on veut bien le dire. Car les hellénistes avaient à Léontopolis un temple élevé en contravention de la loi ; ce qui devait être nécessairement pour les Juifs de la Palestine un grand scandale. Ainsi un

  1. Joseph. Contr. Ap. l.I, § 8.
  2. Hornemann, Observat. ad illustr. doctr. de Canone V.  T. ex Philone, pag. 28, 29. Eichhorn. Einleit. 1, § 21, 22. Hævernich, Einleit. erst. Theil. erste Abthetfung. S. 69, ff., et Mélanges de théol. réformée ; 2e cahier, pag. 214 et suiv.
  3. Philon, Opera. Tom. II, pag. 646, édit. Mangey.