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de la canonicité.

coup de passages plusieurs de ses sentences. En parlant du même livre, le rabbin Azarias dit dans le traité Imré binah ch. xxii, qu’il n’est point rejeté par les sages.

Le livre de la Sagesse, que les rabbins attribuent à Salomon, n’est pas traité avec moins de considération.

On peut voir le bel éloge qu’en fait Moïse Nachmanides dans la préface de son Commentaire sur le Pentateuque. Il dit entre autres choses qu’il a vu ce livre écrit en chaldéen[1]. Le R. Azarias, après avoir parlé de la mention qu’en a faite Nachmanides, ajoute dans son Meor hénayim, traité Imré binah, ch. lvii : « Pour moi, il me semble que ce livre a été ou traduit en chaldéen, ou composé[2]. en cette langue par Salomon, pour l’envoyer à quelque roi qui habitait à l’extrémité de l’Orient. Or, Esdras ne s’est occupé que des livres composés par les prophètes qui avaient reçu le degré de prophétie dite de l’inspiration du Saint-Esprit et composé leurs ouvrages dans la langue sacrée. Aussi nos sages se sont-ils conduits avec prudence et intelligence en ne mettant dans le Canon que les livres qu’Esdras lui-même y avait insérés. » En parlant de Judith, au chapitre li, et de Tobie au chapitre lvii, il fait la même réflexion.

Azarias fait encore mention des livres des Machabées aux ch. li et lvi du traité Imré binah.

Il rapporte, au ch. lvii, que l’interprète des chrétiens (saint Jérôme) a écrit qu’il avait traduit Judith et Tobie du chaldéen, mais qu’il n’en a pas été de même de Baruch, parce qu’il fut disciple de Jérémie dans le temps que le premier temple subsistait encore. L’auteur du Juchasin dit, page 12, que Baruch, fils de Néria, a reçu de Jérémie la loi orale ; et page 136, il rapporte l’histoire de la chaste Suzanne de la même manière que Daniel lui-même la raconte.


    uns ont pour auteurs des prophètes favorisés de la prophétie dite de l’Esprit Saint (רוח הקודש) ; les autres ont été composés par des prophètes dont l’inspiration quoique divine, est cependant d’un degré inférieur, qu’on appelle fille de la voix, (בת קול). Les premiers ont été insérés dans le Canon d’Esdras, les derniers ne l’ont point été ; ce sont ceux que nous nommons deutéro-canoniques. On peut voir cette matière amplement traitée par Maimonides dans son More Nébochim traduit par Buxtorf, et dans ses Fondements de la loi, traduits par Vorstius. Joseph de Voisin a recueilli plusieurs passages de ces ouvrages dans ses Observationes in Prœmium pugionis fidei, ainsi que quelques citations d’autres rabbins. C’est d’après lui que nous avons cité nous-mêmes ici deux ouvrages rabbiniques que nous n’avions pas sous les yeux.

  1. מתורגם litt. écrit en langue de Targum, c’est-à-dire en araméen (ארמי) comme l’a expliqué R. Azarias.
  2. Le texte donné par de Voisin porte שחובר ; il faut certainement lire שחובר car le verbe ובר est très-usité parmi les rabbins dans le sens de composer un livre.