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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/86

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de l’écriture sainte.

en parlant de Tobie et de Judith, que ces deux livres étaient rangés dans la classe des Hagiographes[1].

Origène assure que les Juifs, sans admettre dans leur Caron Îles livres de Tobie et de Judith, ne les mettaient cependant point dans la classe des apocryphes[2] ; ce qui veut dire, dans le langage de ce père ;  ; qu’ils leur accordaient une certaine autorité.

Les Constitutions apostoliques, qui datent du IVe siècle, attestent que les Juifs lisaient le livre de Baruch dans la synagogue à la fête de l’Expiation solennelle ; ce qu’ils n’auraient certainement pas fait, s’ils ne l’avaient pas regardé comme divinement inspiré…

3. Les rabbins eux-mêmes ont rendu aux livres deutéro-canoniques les témoignages les plus honorables ; ainsi l’auteur du Zémach David dit dans sa Chronologie, à l’année 3448, que Jésus Ben Sira a composé le livre qui porte le nom d’Ecclésiastique ; que ce livre est plein de paroles instructives, de leçons de sagesse, etc. ; que le Talmud le classe parmi les Hagiographes[3] ; que les anciens rabbins citent dans beau-

  1. Hieron. Prœf. in libr. Tobiæ et Præf. in libr, Judith. Au lieu de Hagiographa, les manuscrits les plus anciens et les plus corrects portent, selon Martianay, Apocrypha. Plusieurs raisons motivent en effet cette dernière leçon ; d’abord le contexte même : Librum utique Tobiæ, quem Hebrœi de catalogo Scripturarurn secantes, his quæ apocrypha memorant, manciparunt… Apud Hebræos liber Judith inter apocrypha legitur ; cujus auctoritas ad roboranda illa quæ în contentionem, veniunt, minus idonea judicatur. Certes le saint docteur n’aurait pas employé ce langage s’il avait voulu parler des Hagiographes, regardés par les Juifs comme ayant une autorité divine et faisant partie essentielle dé leurs Ecritures. Ce qui confirme encore la leçon apocrypha, c’est que le même saint Jérôme, après avoir donné dans son prologue Galeatus la liste détaillée des vingt-deux livres canoniques des Juifs, sans faire mention des deutéro-canoniques, ajoute : Hic prologus Scripturarum quasi Galeatum principium, omnibus libris quos de hebræo vertimus in latinum, convenire potest : ut scire valeamus, quidquid extra hos est, inter apocrypha esse ponendum. Igitur Sapientia, quæ vulgo Salomonis inscribitur, et Jesu filii Sirach liber, et Judith, et Tobias, et Pastor, non sunt in Canone. Jahn prétend, il est vrai, que Martianay viole la règle de critique qui veut que l’on préfère la leçon la plus difficile, c’est-à-dire, celle qui rend le passage plus difficile à expliquer (Einleit. I, Theil. § 29, S. 136) ; mais cette loi de critique n’est applicable que dans le cas où aucune circonstance particulière ne détermine comme exacte et seule vraie la leçon la plus facile. Ainsi la leçon apocrypha nous paraît plus probable. Cependant en accordant cela, il s’ensuivra seulement que ces livres ne faisaient pas partie du Canon des Juifs, et par là même qu’ils n’avaient pas toute l’autorité des livres canoniques, mais non pas qu’ils n’en avaient aucune, parce que dans cette hypothèse les Juifs se seraient bien gardés d’en faire usage. Voy. pour le sens du mot apocrypha, l’Art. II.
  2. Orig. Epist. ad Africanum ; n. 13, pag. 26. Édit. des Bénédictins. Voy. pour le sens du mot apocryphe, l’Art. II.
  3. בכלל כתובים Il faut remarquer que dans le langages des rabbins, le mot Kethoubim ou Hagiographes désigne deux classent différentes d’écrits inspirés ; les