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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/85

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de la canonicité.

Or, la tradition de ces deux classes est assez favorable aux livres deutérocanoniques. Après ce court exposé, nous croyons pouvoir établir la proposition suivante ;


PROPOSITION.
La tradition des Juifs est favorable aux livres dent deutéro-canoniques.


1. Les Juifs hellénistes regardaient ces livres comme ayant une grande autorité ; car ils se servaient de la version des Septante pour lire l’Ecriture dans leurs synagogues ; ils étaient donc censés recevoir tous les écrits qui se trouvaient dans cette version : or cette version renfermait tous les livres deutéro-canoniques ; d’où il résulte que si ces Juifs n’accordaient pas tout à fait la même autorité à tous les livres contenus dans la version grecque, ils les regardaient au moins comme sacrés, et même comme divins[1]. R. Simon venant de parler des Juifs de Palestine, dit : « Les autres Juifs (c’est-à-dire les hellénistes) lisaient également tous les livres et les considéraient comme divins. Ils ont passé d’eux à l’Eglise dès le temps même des apôtres, qui se sont servis de ce corps de la Bible grecque pour annoncer l’Evangile à toute la terre, et non pas de la Bible hébraïque, qui n’était en usage que chez un petit nombre de Juifs[2]. »

Bertholdt en parlant du Canon de ces deux classes de Juifs, dit : « S’il est hors de doute que les Juifs de l’Egypte n’ont pas inséré dans le Canon proprement dit de l’Ancien Testament les livres apocryphes, il est également certain que déjà avant Jésus-Christ ils les avaient ajoutés à la version Alexandrine comme appendice ; et s’ils ne les mettaient pas au même rang que leurs autres écrits sacrés, ils ne les traitaient pas comme des livres ordinaires : ils les lisaient dans leurs familles, d’abord comme des ouvrages religieux et dont on pouvait tirer un grand fruit, et bientôt après comme saints et sacrés. Ils finirent par les placer même, pour l’usage public, à côté des livres canoniques, sans toutefois les compter positivement (in thesi) parmi ces livres[3]. »

2. Les Juifs de la Palestine accordaient une assez grande autorité aux livres deutéro-canoniques, comme on peut le voir par les témoignages suivants :

Saint Jérôme, qui connaissait parfaitement les usages de ces Juifs, dit

  1. Les Juifs ont toujours accordé plus d’autorité aux livres de Moïse qu’aux Hagiographes ; cependant cela ne les empêchait pas de tenir ces derniers pour sacrés et divinement inspirés.
  2. Réponse aux sentiments de quelques théologiens de Hollande, chap. XI, pag. 110.
  3. Bertholdt, Einleit, I § 33, S. 97, 98.