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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/92

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de l’écriture sainte.

4. L’Eglise grecque reconnaît également les livres deutéro-canoniques, et, de son propre aveu, elle est fondée sur son ancienne tradition ; car, dans le XVIIe siècle, les protestants l’ayant engagée à s’unir à eux, voici la réponse qu’elle leur fit dans le concile tenu à Jérusalem en 1670, sous le patriarche Dosithée : « Nous regardons tous ces livres (il s’agissait de ceux qui étaient contenus dans le canon du concile de Trente) comme canoniques, nous les reconnaissons pour être l’Ecriture sainte, parce qu’ils nous ont été transmis par une ancienne coutume ou plutôt par l’Eglise catholique. »

5. On trouve dans saint Ephrem et autres pères syriens et arméniens, des commentaires sur les deutéro-canoniques ; il paraît donc que les églises de Syrie et d’Arménie s’accordaient à reconnaître, par l’usage qu’elles en faisaient, ces mêmes livres comme sacrés et divins.

6. L’abbé Renaudot, qui a fait une étude si approfondie des langues et de la croyance des chrétiens de l’Orient, affirme et prouve en même temps que tous les livres qui sont reçus dans l’Eglise catholique, le sont également par les chrétiens orientaux, tels que les Syriens orthodoxes ou Jacobites, les Nestoriens, les Cophtes, les Ethiopiens et les Armé- niens[1].

7. Dans sa lettre à Africanus, Origène établit comme un fait constant que les livres que les Hébreux ne lisaient point dans leurs synagogues, étaient lus dans les églises chrétiennes, sans aucune distinction d’avec les autres livres divins.

8. Le patriarche de la Réforme lui-même n’a pu s’empêcher de rendre hommage à ces livres : « L’opinion de Luther, dit avec raison M. Malou, fut incertaine d’abord… Il sépara les livres deutéro-canoniques des livres proto-canoniques dans sa Bible conformément au plan du Prologus Galeatus ; mais loin de rejeter ces livres comme inutiles ou dangereux, il en fit les plus grands éloges et regretta que plusieurs ne figurassent, point au Canon. Il dit que le premier livre des Machabées est digne de faire partie de la sainte Bible, et que sa doctrine est non-seulement utile, mais nécessaire. En un mot, il professe à l’égard, des livres deutéro-canoniques un sentiment d’estime profonde et de sincère respect[2].

Ces témoignages déjà si nombreux et si exprès en faveur des deutéro-canoniques, se trouvent corroborés par un grand nombre d’autres peut-être plus positifs encore, qui seront cités dans introduction particulière à chacun de ses livres.

Quant aux difficultés qu’on pourrait élever contre cette proposition, elles sont exposées un peu plus bas dans la Question huitième.

  1. Perpétuité de la foi. Tom. V, ch. VII.
  2. J. B. Malou, La lecture de la sainte Bible en langue vulgaire, etc., tom. II, pag. 110.